Les Villes & les Bourgs me sont si odieux,
    Que ie meurs si ie voy quelque tracette humaine :
    Seulet dedans les bois pensif ie me promeine,
    Et rien ne m’est plaisant que les sauvages lieux.
Il n’y a dans ces bois sangliers si furieux,
    Ny roc si endurci, ny ruisseau, ny fontaine,
    Ny arbre tant soit sourd qui ne sçache ma peine,
    Et qui ne soit marri de mon mal ennuyeux.
Un penser qui renaist d’un autre, m’accompaigne
    Avec un pleur amer qui tout le sein me baigne,
    Travaillé de souspirs qui compagnons me sont :
Si bien que si quelqu’un me trouvoit au bocage,
    Voyant mon poil rebours & l’horreur de mon front,
    Ne me diroit pas homme, ains un monstre sauvage.